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             Revue d' Histoire et 
              de traditions populaires De La Gaspésie 
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             Les Souvenirs de Marie-Dina: 
              Que ferons-nous de la Croix de Gaspé? 
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             Vol. XV - Numéro 
              1: JANVIER-MARS 1977 
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      Les Sœurs du St-Rosaire sont 
        venues à Douglastown en 1900, en réponse à l'invitation de Father Duncan 
        Gillis. Elles y sont encore, engagées surtout dans l'éducation des jeunes. 
        Sœur Desjardins, archiviste de la communauté, nous rend le service de 
        découvrir une partie de l'œuvre exigeante et parfois héroïque accomplie 
        par les fondatrices et celles qui leur ont succédé. 
      
        
           
            
                
                
              Mother Mary de la Victoire Superior 
                General in 1900 
             
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             L'histoire du couvent de Douglastown commence avec les lettres 
              que "Father" Duncan Gillis, curé de 
              la paroisse, adresse à Mère Marie de 
              la Victoire, supérieure générale 
              de la Congrégation des Sœurs de Notre-Dame du Saint-Rosaire, à Rimouski. 
              Ces écrits contiennent de précieuses indications qui mettent en 
              lumière le souci apostolique de celui qui est le fondateur du couvent. 
              Ils révèlent aussi la générosité de ce prêtre de langue anglaise, 
              écossais de naissance, qui s'oblige à écrire en français. Cette 
              particularité nous permet, non seulement d'excuser les quelques 
              fautes de ses textes, mais d'admirer la main qui s'exprime aussi 
              clairement en une langue peu utilisée par l'auteur. 
            Arrivé à Douglastown en 1882, 
              "Father Gillis" a vu les besoins 
              de son peuple. Il tente d'y répondre de son mieux par tous les moyens 
              dont il dispose. Pour l'aider dans le domaine de l'éducation, il 
              veut des religieuses enseignantes. A cette fin, il entreprend des 
              démarches qui semblent en bonne voie de réalisation quand il écrit 
              en 1897:  
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                Andre Albert Blais 
             
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              "Je crois tout sera arrangé 
                bientôt, bientôt avec Sa Grandeur Mgr 
                Blais par rapport au couvent. Nous voulons bâtir une 
                maison assez grande pour servir d'école et de logement pour les 
                Sœurs - maison de deux étages - 1er étage pour l'école, 2e pour 
                le logement. Nous croyons une maison de 45 pieds de long by 40 
                pieds de large or si vous voulez 50 pieds de long by 30 largeur. 
                Vous aurez entre 80 or 100 enfants dans l'école. Nous aimerons 
                que la maison grand plut6t que petite en cas d'augmentation de 
                population. ( ) Toute la paroisse est bien disposée à vous bâtir 
                une bonne maison et bien commode et chaude. Prions le bon Dieu 
                par l'entremise de la Vierge immaculée et le bon saint Joseph 
                pour, la réussite de notre entreprise. Priez aussi pour moi." 
                (D. Gillis, 12 déc. 1897) 
              "J'espère que vous aurez 
                de bonnes sœurs préparées pour ma paroisse pour l'année prochaine. 
                Il m'en faut cinq au moins pour commencer, que une au moins chante 
                bien et joue orgue pour m'aider à faire un bon chœur. 
                (D. Gillis, 2 mai 1899)  
             
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            Father Duncan Gilles, curé 
              de Douglastown de 1882-1907. Il fonda le couvent en 1900. 
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             Au cours de l'année scolaire 1899-1900, le projet prend corps. 
              Le 2 mars 1900, "Father Gillis" 
              adresse à Sœur Marie-de-la-Merci, l'une des cinq fondatrices 
              désignées, la liste des livres qui seront utilisés dans les deux 
              écoles (celle du couvent et celle de Up-the-Bay). Les précisions 
              ne manquent pas. Pour terminer, le curé décrit l'extérieur du petit 
              couvent sans rien oublier, pas même la "ample place to have 
              pigs, cows and hens" et, un peu plus loin, "a nice flower garden 
              so 1 have nice flowers to decorate the Altary". (D. 
              Gillis, 2 mars 1900) A la fin de ce même mois, il 
              écrit: 
             "Nous demandons de votre part une bonne 
              et solide éducation religieuse et scolaire. (.... ) La maison sera 
              finie vers le commencement de juillet. J'espère que vous serez toutes 
              préparées à venir avec moi après la première retraite des prêtres. 
              J'essaierai à vous faire descendre gratis, vous commencerez avec 
              deux écoles, mais j'espère que dans un an ou deux vous serez capables 
              de prendre toutes mes écoles, deux autres ... en tous quatre écoles." 
              (D. Gillis, 29 mars 
              1900) 
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              "Father Gillis" ne s'arrête pas à savourer la bonne nouvelle lui 
              apprenant que, lors de la réunion officielle tenue le 6 mai 1900. 
              le Conseil "Général de la Congrégation des Sœurs de Notre-Dame du 
              Saint-Rosaire a décidé à l'unanimité la fondation du couvent de 
              Douglastown. Il précise nettement son but. Ce qu'il veut, c'est 
              une -meilleure éducation chrétienne pour les enfants de la paroisse, 
              et un meilleur service dans l'église paroissiale par la formation 
              d'une chorale et par l'enseignement du chant et de l'orgue. Les 
              cinq fondatrices partent de Rimouski le 7 août 1900. Ce sont les 
              Sœurs Marie-du-Calvaire,  Marie-de-Sainte-Mechtilde, 
              Marie-de-la-Merci, Marie-de-Lourdes et Marie-deSainte-Julie. Avec 
              l'aide de quelques jeunes filles envoyées par de bonnes dames, elles 
              procèdent rapidement à l'installation du mince bagage apporté de 
              Rimouski. D'ailleurs elles n'ont pas le temps de penser à elles-mêmes. 
              Leur disponibilité est aussitôt mise à contribution. La cérémonie 
              de la bénédiction exige des préparatifs. C'est encore la correspondance 
              échangée qui nous renseigne sur l'emploi du temps au cours des premières 
              semaines:  
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      "Cette semaine, nous nous occupons des décorations 
        et (devons) préparer le grand dîner. L'évêque de Kingston arrivera mercredi 
        soir. Monsieur le Curé nous enverra quelques-uns de sa suite pour coucher. 
        Nous avons 5 bons lits de préparés, il en faut encore douze. Nous préparons 
        le dîner pour trente personnes. Il nous faut faire des voiles de tabernacle, 
        de ciboire, etc. pour l'église. Il est venu une foule de visiteurs, il 
        est impossible de les congédier d'ici' la bénédiction. Monsieur le Curé 
        désire qu'ils viennent, mais après il avertira ses gens ... " (M. du 
        Calvaire, août 1900)  
      
         
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          A l'ouverture de l'année scolaire, les Sœurs inaugrent 
            officiellement leur mission éducatrice à Douglastown. Au couvent, 
            Marie-de-Sainte-Mechtilde et Marie-de-la-Merci 
            sont titulaires des deux classes où s'inscrivent 90 élèves. De plus, 
            Mariede-Sainte-Mechtilde est chargée de "l'orgue", de l'enseignement 
            de la musique et de la formation de la chorale pour l'église. A Up-the-Bay, 
            Marie-de-Lourdes est maîtresse de classe et reçoit 56 élèves. Sa compagne, 
            Marie-de-Sainte-Julie, rend d'inappréciables services à Douglastown 
            et aux paroisses voisines dans le domaine de la couture pour ces églises 
            et de la réparation des livres pour ces Fabriques. La supérieure, 
            Sœur Marie-du-Calvaire, vaque aux multiples soins de l'entretien du 
            couvent, de la sacristie et du linge d'église. Elle peut à peine suffire 
            à tout. Quant au balayage de l'église, le curé lui à dit: "Vous 
            prendrez une femme deux fois par mois et vous la paierez." 
             
            Les deux Sœurs qui voyagent à Up-the-Bay partent du couvent le lundi 
            matin pour ne revenir que le vendredi soir. La privation de la messe 
            quotidienne est vivement ressentie, mais acceptée comme partie du 
            programme de sacrifices inhérents à leur situation.  | 
         
         
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             Au cours des trois premiers mois, elles pensionnent 
              à la semaine dans une famille où le benjamin est septuagénaire. 
              L'école-succursale trop mal protégée contre les intempéries n'est 
              pas encore habitable. Aux jours de pluie, l'enseignante doit attacher 
              un parapluie au dossier de sa chaise pour se protéger contre les 
              averses venant du toit. En décembre, la commission scolaire ferme 
              temporairement l'école à cause des enfants qui souffrent trop du 
              froid. On procède aux réparations qui s'imposent. En février 1901, 
              le logement est prêt et habitable. Marie-de-Lourdes et Marie-de-Sainte-Julie 
              y demeurent cinq jours par semaine et semblent même s'y plaire si 
              on en juge par la lettre adressée à la supérieure générale:  
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              "La 
              salle de classe et les appartements des Soeurs sont lambrissées 
              et peinturées. Les appartements des Sœurs consistent en une cuisine 
              qui sert en même temps de réfectoire, de communauté ... et un joli 
              petit dortoir d'une teinte bleue ... Les murs de la classe sont 
              ornés de jolies cartes géographiques ... deux grandes et belles 
              statues sont placées sur des tablettes, la Vierge de Lourdes et 
              saint Joseph ... Des pupitres et des bancs neufs en quantité suffisante 
              pour les cinquante élèves qui assistent journellement, ceci contribue 
              beaucoup à la bonne discipline 
              ... il y a une belle grande cave. . . " (Lettre, 3 fév. 1901) 
            Le premier couvent de Douglastown, ouvert en 1900, 
              restauré en démoli en 1941. 
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      À la maison du village où les cinq missionnaires se retrouvent 
        pour les journées de samedi et dimanche, on sait être heureux et apprécier 
        ce que l'on a. On se permet même un peu d'humour. En somme, la petite 
        communauté goûte de vraies joies à travers les inévitables sacrifices 
        de toute fondation. Les extraits tirés de la correspondance sont plus 
        intéressants que ne pourraient l'être nos plus belles considérations littéraires. 
        Nous citons donc largement: 
       "Nous sommes bien partagées; à la vérité , 
        il manque plusieurs choses nécessaire tels que table du réfectoire, armoires, 
        petits bureaux de toilette, mais nous avons tant de bon bois, de bonnes 
        provisions, la sainte messe tous les matins. Les bonnes gens nous témoignent 
        beaucoup de confiance et de sympathie, les plus simples attribuent à notre 
        séjour en Gaspésie le bel hiver, car de mémoire d'homme, nous dit-on, 
        on n'a jamais vu tant de beau temps. Gare à nous quand viendront les mauvais 
        jours . . ."Le Révérend Monsieur Sirois me disait 1 
        autre jour: " Quel moyen employez-v'ous donc auprés des enfants, 
        qu'avez-vous fait à ces petits Irlandais, ils sont méconnaissables . . 
        . " ( ) "Nous leur témoignons de l'intérêt et de l'affection, lui répondis-je; 
        ils se sentent aimés, à leur tour, ils veulent faire plaisir." (Lettre, 
        3 fév. 1901)  
      Après deux années de travail à Douglastown, quel est le résultat obtenu? 
        Une lettre de "Father Gillis" à la supérieure générale de la Congrégation 
        nous renseigne sans équivoque:  
      
         
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      L'année scolaire est finie avec éclat et satisfaction 
        et c'est mon plus grand plaisir de vous communiquer le résultat de l'année. 
        Les classes dans le couvent et celle de Haut Baie (Up-the-Bay) montrèrent 
        un grand progrès dans toutes les branches. L'inspecteur et moi étions 
        même surpris du progrès et tout le monde est content et satisfait et ne 
        parle que de bien des bonnes et dévouées Sœurs. Je vous assure que les 
        bonnes sœurs ont travaillé but avec beaucoup de dévouement. Je regrette 
        que je perdrai pour une ans les bonnes 
        Sœurs Marie-de-de-Lourdes et Saint-Julie. Mais j'espère 
        que vous m'enverrez les autres. Les parents et les enfants sont bien attachés 
        à elles. La bonne Sœur Ste-Mechtilde a réussi à faire un bon commencement 
        pour les enfants et jeunes filles de la paroisse d'un bon cœur (chœur) 
        pour l'église. (.... ) Il y, plusieurs personnes des autres paroisses, 
        même des protestants qui ont parlé et expressé leur désir d'envoyer les 
        enfants ici l'année prochaine ayant l'avantage d'apprendre la musique 
        ici..." (D. Gillis, 26 juin 1902) 
       L'œuvre née dans la pauvreté et le sacrifice porte du fruit. A partir 
        du 17 mars 1903, une activité nouvelle s'ajoute au programme des enseignantes: 
        c'est la préparation de la séance annuelle qui souligne la "St. Patrick's 
        Day", patron de la paroisse. C'est une tradition qui s'enracine. Habituellement, 
        l'entrée est gratuite, exceptionnellement, elle est payante mais c'est 
        alors pour défrayer une partie du coût des réparations faites à l'école 
        ou à l'église. 
        A la mi-août 1904, le curé est victime d'une attaque de paralysie qui 
        le retient trois mois à l'hôpital. A son retour, les élèves lui offrent 
        l'hommage d'une séance scolaire qui le réjouit. Le 14 décembre, il procède 
        à l'examen des classes et "il se montre content et satisfait". Surtout 
        n'allons pas penser que "Father Gillis" est homme à se contenter d'à-peu-près 
        ou de demi-mesures. La lecture tant soit peu attentive des rapports annuels 
        prouve nettement le contraire: le pasteur est content quand la pleine 
        mesure de travail est fournie. En mars 1905, la fête de saint Patrice 
        comporte un programme spécial pour les offices à l'église et la séance 
        à l'école. Les enfants s'exécutent au contentement général, si bien que 
        le curé demande de répéter la fête le lundi de Pâques, avec entrée payante, 
        pour aider à l'achat des deux lits et des ustensiles de ménage nécessaires 
        à la succursale de Bois Brûlé qui doit s'ouvrir à la fin d'août.  
      
        
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             Tout cela suppose une bonne dose de travail auquel 
              s'ajoutent des tâches secondaires: fabrication des hosties, enseignement 
              de la musique et de la dactylographie, culture du jardin potager, 
              soin de la grange qui abrite la vache et les poules et, pour finir, 
              la besogne de sacristain qui incombe totalement aux Soeurs car "il 
              n'y a pas de bedeau". 
               
            Dès cette époque, 
              l'enseignement ménager 
              est déjà en honneur aux classes puisque, à la visite du 22 mars 
              1905, l'inspecteur Chabot se "montre parfaitement satisfait 
              des progrès et de la discipline, et examine avec plaisir les ouvrages 
              manuels que nos petites filles ont préparés." (Rapport annuel, 1904-05) 
               
              Sœur Marie-de-Ste-Brigitte (Grâce Rooney, Mary of St. Brigitte) 
              entrée au couvent le 19 octobre 1004.  
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      Le 28 août 1905 s'ouvre la nouvelle école de Bois Brûlé 
        située à sept mil-les de l'église. Les deux Sœurs qui s'y rendent partent 
        du couvent le lundi matin et n'y reviennent que le vendredi soir, quand 
        elles le peuvent! Elles logent à l'école et leurs conditions de vie ressemblent 
        de près à celles des Sœurs de Up-the-Bay. Pendant ce temps, sur semaine, 
        le personnel du couvent réduit de plus de la moitié assume les tâches 
        confiées au groupe. La question des loisirs ne se pose pas, encore comme 
        le problème du chômage! Une lettre en date du 26 novembre fournit de précieuses 
        indications sur la nouvelle école que les Sœurs vienner accepter: 
      "...Quelques mots de la mission de Bois-Brûlé. 
        Plus de cinquante enfants sont inscrits au journal. Il y a grande assiduité. 
        Parmi eux 9 protestants ... ils ont leurs livres particuliers de lecture. 
        Ils ne se mettent pas à genoux mais ils chantent les cantiques avec les 
        autres, et même quelquelois répondent aux questions de catéchisme. Tous, 
        catholiques comme protestants, paraissent aimer les Sœurs: nous aussi, 
        nous leur rendons le réciproque. Les gens aussi sont bons et passablement 
        généreux ..." 
       "Grand progrès depuis que nous avons commencé 
        de l'habiter (l'école), ce n'était que souches autour de la maison, c'est-à-dire 
        tout l'emplacement qui est d'un arpent carré. Les souches sont en partie 
        arrachées et brûlées. Un puits a été creusé, une pompe posée, un tambour 
        à la porte de' la cuisine assez grand pour contenir du bois pour une couple 
        de semaines. Il est question d'en faire un bien plus grand à la porte 
        de la classe; de la planche est à sécher pour faire des bancs pour toute 
        la classe car, il n'y a qu'un triste ameublement, ces bancs seront prêts 
        pour Noël. . . "  
        (Lettre, 26 nov. 1905)   
      Le 6 octobre 1907, les élèves du couvent présentent leurs hommages à 
        leur curé "Father Gillis" à l'occasion de ses 25 années de ministère paroissial 
        à Douglastown. Le cadeau offert est un fauteuil dans lequel on lui souhaite 
        de se reposer de longues années. A la surprise générale, il répond sur 
        un ton d'étonnante certitude que son prochain cadeau sera ... un cercueil! 
        Se sentait-il frappé? Trois jours plus tard, il ressent les premières 
        atteintes d'une maladie de cœur mais paraît se rétablir de façon rassurante. 
        Le jour de Noël, il célèbre ses trois messes sans manifester de fatigue. 
        Le lendemain, il rend visite aux Sœurs, se montre très joyeux et cause 
        de ses projets. Le 27 décembre, on le trouve inanimé et froid. La surprise 
        est cruelle! Fondateur du couvent, l'abbé Duncan Gillis était certes très 
        exigeant, mais il était bon et possédait, avec le sens de l'éducation, 
        le souci d'une solide formation "religieuse et scolaire". 
       En mars 1911, l'Inspecteur donne aux élèves de la Classe Modèle le concours 
        de composition et d'arithmétique organisé par l'Honorable R. Lemieux, 
        ministre des Postes. Mlle H. McAuley, du couvent de Douglastown, gagne 
        l'une des deux médailles d'Or attribuées à ce concours. L'honneur en rejaillit 
        sur toute l'école. Les rapports annuels révèlent que, en plus des candidats 
        aux épreuves de musique et de dactylographie, des jeunes filles se présentent 
        aux examens du Bureau Central en vue de l'obtention d'un brevet d'enseignement. 
        Certaines de ces jeunes diplômées enseignent dans les environs puisqu'une 
        lettre dit: "Ici, nous fournissons livres, cahiers, 
        etc., à toutes les écoles de la paroisse, et même à plusieurs autres écoles 
        dirigées par d'anciennes élèves".  
      
        
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             Up-The-Bay 
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             L'oeuvre inaugurée depuis dix ans se poursuit de façon positive 
              et même consolante. Le secret du bien qui ce fait ne serait-il pas 
              dans la multiplicité des sacrifices consentis? Petites croix quotidiennes 
              qui naissent de 1'habitation trop froide, de la surcharge inévitable 
              des trois Sœurs qui restent à l'école principale, de la solitude 
              qui celles qui passent la semaine à Up-the-Bay et à Bois Brùlé. 
              Situation exigée par le devoir d'état, certes, mais situation de 
              dispersion tout de même. Quelqu'un a écrit: 
              "Quand le bien se fait quelque part, 
              il y a du sang dans les parages". 
               
              Le bien s'accomplit. Le rapport annuel de 1912-13 affirme:  
              "En général, tous nous donnent satisfaction et se sont montrés reconnaissants 
              surtout à la fin de l'année. (.... ) Les parents des enfants, tant 
              au village que dans les succursales, se sont montrés bienveillants 
              comme par le passé..." 
             
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      A mesure que les années passent la succursale de Bois Brûlé apparaît 
        de plus en plus intenable. La distance de sept milles à parcourir, la 
        difficulté de trouver un charretier le lundi matin et vendredi soir, les 
        chemins parfois impraticables, les intempéries des saisons, autant de 
        facteurs qui posent de graves problèmes et compromettent la santé des 
        missionnaires. Parfois, il s'écoule plus de trois semaines sans qu'elles 
        puissent revenir au couvent. Durant le rigoureux hiver 1916-1917, elles 
        perdent plusieurs semaines de classe. De plus, l'assistance scolaire fortement 
        réduite à cause de l'éloignement des familles et de la température inclémente 
        peut à peine justifier le maintien de cette situation. 'L'école est fermée 
        à la fin de l'année scolaire, en juin 1917. Les difficultés rencontrées 
        n'ont pas altéré les bonnes relations puisque la supérieure érit: 
       
      
        
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             "Monsieur le curé (Fabien 
              Gauthier) ainsi que les commissaires se sont toujours 
              montrés sympathiques. Les parents de leur c6té font tout leur possible 
              pour nous prouver leur reconnaissance et nous trouvons chez la population 
              irlandaise de vrais et bons amis." (Rapport annuel, 1917-18) 
            Au cours de l'hiver, la messe quotidienne 
              se célébrait de façon habituelle dans la chapelle du couvent. Or 
              voici qu'un bon matin, le 8 janvier 1923, le feu se déclare dans 
              une classe au moment même où sonnait d'ordinaire le premier coup 
              de la messe. En guise d'alarme, les Soeurs sonnent la cloche. Mais 
              personne ne s'inquiète ni ne se dérange. Seule la sonnerie prolongée 
              finit par éveiller l'attention des gens qui y voient autre chose 
              qu'une invitation au Saint Sacrifice. . . Il était temps! 
              Un peu plus et il eût été impassible de maîtriser les flammes. Pour 
              cette fois, on s'en tire avec une classe endommagée par la fumée 
              et l'eau. 
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      Le mois de juillet 1924 marque de grands événements: la cérémonie de 
        confirmation fixée au 7 et l'ordination d'un fils de la paroisse, le 13. 
        Les jours qui précédent l'arrivée de Mgr F.-X. Ross "sont 
        employés à faire les ménages et décorations à l'église et au couvent et 
        même à faire le catéchisme paroissial". 
        Le nouvel ordonné, l'abbé Owen Kennedy, célèbre sa première messe dans 
        l'église le 14 et, la seconde, le lendemain dans la chapelle du couvent 
        dont il est l'ancien élève. Après ces jours de grande activité, les religieuses 
        se mettent en route pour assister aux Noces d'OR de fondation de la Communauté 
        dont les festivités se déroulent à la maison-mère, à Rimouski, les 29, 
        30 et 31 juillet. 
       L'année 1925 voit se lever le 25e anniversaire de la fondation du couvent 
        de Douglastown. Monsieur Ernest Myles, curé, veut en faire une belle fête 
        paroissiale à laquelle il désire que, au main une, des fondatrices soient 
        présentes puisque les cinq vivent encore. Pour un beau jubilé il faut 
        des sous: la fête traditionnelle à l'Ile du 17 mars et une partie de cartes 
        subséquentes sont organisées au profit de la célébration projetée. La 
        jubilation éclate le 24 mai et se prolonge durant toute la journée du 
        25 qui est un lundi, congé scolaire. Des Sœurs de Barachois, de Gaspé 
        et de Rivière-au-Renard se rendent alors à Douglastownoù quatorze "Rosaristes" 
        partagent les agapes argentées. 
      Mais on n'est pas tous les jours aux noces! La vie continue avec son 
        cortège de devoirs. Des problèmes déjà aigus se posent avec de plus en 
        plus d'exigence. En septembre 1925, l'inspecteur d'écoles reconnaît une 
        fois de plus que l'espace est trop restreint pour le nombre d'élèves. 
        Il faut, ou bien bâtir une école au 3e rang, ou bien ouvrir une 3e classe 
        au couvent. La Commission scolaire opte pour cette dernière solution: 
        les travaux débutent le 15 avril 1926 en vue de parachever une partie 
        du 3e étage du couvent pour y loger la nouvelle classe. Tout est prêt 
        pour le début de l'année scolaire. Les trois religieuses enseignantes 
        accueillent 103 élèves dans les trois classes pour 1926-27.  
      
        
          |  
             Bientôt les fondations du couvent défaillent et donnent libre cours 
              à l'eau et au froid. On a eu froid aux pieds depuis 1900, mais pas 
              encore à un tel point. Des réparations urgentes s'imposent pour 
              rendre le logis habitable. Les santés se détériorent, les enfants 
              souffrent, la situation s'aggrave à mesure que s'étirent les pourparlers 
              sur une longue période de deux années. Un grave et douloureuse décision 
              est alors prise par le Conseil général de la Congrégation: De retirer 
              les Sœurs jusqu'à la restauration du couvent. Elles quittent en 
              effet le 2 août 1928. Le lendemain., la supérieure générale écrit 
              au président de la Commission scolaire:  
            ... Je serai heureuse d'y renvoyer les 
              Sœurs dans un avenir assez rapproché; car nous aimons la population 
              de Douglastown et l'œuvre si chère du Père Gillis, et ce n'est qu'avec 
              regret et par nécessité, croyez-le, que j'emploie ce moyen extrême. 
              Je prie Dieu de vous venir en aide et de répandre ses bénédictions 
              sur nos bonnes gens de Douglastown que nous quittons avec peine." 
              (Lettre, 3 août 1928) 
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      Trois semaines plus tard, la supérieure générale affirme à Mgr F.-X. 
        Ross, évêque de Gaspé, que son désir est de voir "les 
        Sœurs, dès que cela sera possible, poursuivre l'œuvre commencée depuis 
        plus d'un quart de siècle au milieu 
        de cette brave population". (Lettre, 23 août 1928)  
      
        
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             Le 10 février 1929, une lettre de la Commission scolaire fortement 
              appuyée par Monsieur le Curé Ernest 
              Myles réclame le retour des Sœurs. Mais le couvent 
              est dans le même état! La demande est renouvelée de façon plus pressante 
              le 12 fév. 1930 avec le même appui du curé et la promesse que "les 
              Sœurs seront déchargées du fardeau de Up-the-Bay". Cette fois, 
              les paroles sont traduites en actes. Les conditions acceptées de 
              part et d'autre permettent le retour des missionnaires le 31 juillet 
              1930. La supérieure est Marie-deSaint-Bernardin-de-Sienne qui a 
              déjà oeuvré dans la paroisse de 1912 à 1920 dont trois années à 
              Up-the-Bay. Au cours du mois d'août, elle écrit à Mère Marie-du-Saint-Esprit, 
              supérieure générale:  
            "J'y rencontre des visages aimés, de vieilles 
              connaissances, d'anciennes élèves qui s'empressent de venir nous 
              souhaiter la bienvenue et sont même si contents que les' larmes 
              coulent. Bient6t leurs actes de générosité nous prouvent la sincérité 
              de leurs paroles. Ils font preuve de la même bienveillance qui avait 
              accueilli les fondatrices en 1900 . . . " (Lettre, août 1930) 
            Au matin du 1er septembre 1930. les élèves manifestent la même 
              joie. Près de cent visages épanouis se présentent à l'école: 
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      "Il nous fait vraiment plaisir de leur souhaiter 
        la bienvenue, de leur dire notre joie d'être de nouveau au milieu d'eux 
        et d'ajouter que pendant 10 mois nous travaillerons exclusivement pour 
        eux. Ils paraissent nous comprendre et nous prouvent dès leur première 
        journée que leur joie est réciproque." 
       "Nous avons raison de remercier Dieu pour le 
        bon accueil reçu, la bonne volonté dont les membres de la Commission scolaire 
        font preuve, la générosité de nos bons Irlandais, la joie peinte sur le 
        visage de nos élèves, tout autant de motifs de consolation." (Rapport 
        annuel, 1930-31)  
      
        
          |  
             C'est le bonheur des "retrouvailles"! La petite communauté mène 
              une vie normale sans absence à longueur de semaine. Désormais, il 
              ne sera plus question de voyage à Up-the-Bay. En juin 1931, aucune 
              élève du Cours Modèle ne se présente aux examens du Bureau Central. 
              Quelques-unes ont bien l'âge requis, mais le retard des deux dernières 
              années ne permet pas de remplir les conditions exigées pour l'obtention 
              d'un brevet d'enseignement.  
            Un fait mérite d'être signalé: le 7 mai 1932, Sœur 
              Marie-de-Saint- Patrice (Mary-Ann Maloney) arrive 
              à Douglastown, sa place natale, pour y remplacer une religieuse 
              à la classe jusqu'à la fin de l'année scolaire. C'est grande joie 
              dans la famille Maloney, surtout pour l'aïeule maternelle âgée de 
              93 ans et parfaitement lucide qui sollicitait en secret du Seigneur 
              la faveur de ne pas mourir avant de voir sa petite-fille religieuse. 
              Exaucée et pleinement heureuse, elle meurt à la fin de juin. Quel 
              Nunc dimittis devait chanter dans son âme! 
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      Rien ne marque la fin de l'année scolaire qui se termine le 28 juin 1933 
        simplement, sans distribution de prix, sans aucune démonstration extérieure. 
        Les élèves ont travaillé avec application jusqu'à la dernière heure, sans 
        se démentir. Et ils continuent puisque, à l'été 1934, Monsieur le curé 
        Myles écrit à Mère Marie du Saint-Esprit, supérieure générale: 
       "Ces enfants, je vous le dirai tout de suite, 
        nous ont donné bien de la satisfaction, sans se démentir toute l'année 
        - de leur esprit de docilité et de respectueuse politesse. "Ils tiennent 
        beaucoup à leurs notes mensuelles. (.... ) (L'inspecteur) Il a répété 
        aux enfants qu'il les compte parmi ses meilleurs élèves, à cause de la 
        distinction de leurs manières et de leur respect pour l'autorité." (E. 
        Myles, 1934) 
       En juin 1935, sept élèves subissent les examens du Bureau Central pour 
        l'obtention du Brevet d'enseignement. Ce sont les dernières. DePuis 1902, 
        37 jeunes filles ont été diplomées. Le remaniement des programmes ne permettra 
        désormais que la préparation des Certificats d'études primaires ou complémentaires, 
        en 6e et 8e année du cours.  
      
        
          | 
            
           | 
          Au printemps de 1939, le Bureau d'Hygiène condamne la 
            classe ouverte en 1926 au 3e étage du couvent. Pour y suppléer, les 
            Sœurs renoncent à leur salle de communauté qui est alors mise au service 
            des élèves. La nouvelle organisation est en place pour septembre. 
            Toute cette année 1939-40 est assombrie par la maladie très grave 
            de M. Myles que le cancer couche dans la tombe en juillet 1940. Dès 
            le mois d'août, le nouveau curé Patrick 
            Nellis parle de construction durant sa première visite 
            au Couvent. C'est devenu urgent: la bâtisse de 1897-1900 est passablement 
            délabrée et même peu habitable. En mai 1941, une rumeur circule dans 
            la paroisse: la construction d'un couvent neuf. En juin, la Commission 
            scolaire prend la décision de rebâtir sur l'emplacement du couvent 
            actuel. Il faudra donc commencer par démolir. La correspondance de 
            la supérieure, Marie de Saint-Bernardin-de-Sienne, nous fournit des 
            indications précises sur la réalisation du projet. | 
         
       
       "Les plans sont à peu près semblables à ceux 
        du couvent de Matapédia 50 x 44. Les classes disposées dans le même sens 
        que les leurs, avec 3 appartements sur étage inférieur pour religieuses, 
        lesquels pourraient être communauté, réfectoire et cuisine, une classe 
        séparée en deux dont une partie pour chapelle et l'autre pour parloir. 
        A l'étage supérieur, 2 classes et 4 chambres dont deux serviraient de 
        dortoir, une chambre de la supérieure et une pour bain et toilette - - 
        . "Nous sommes assablement avaticées, le grenier dortoir et classes ainsi 
        que toutes les armoires sont vides, il ne nous reste pour ainsi dire que 
        les meubles, cadres . . . " (Lettre, 10 juillet 1941 ) 
      
      
        
          | "Ce cher vieux couvent, ce 
            n'est pas sans émotion que je le vois démolir - et quelle somme de 
            tra- vail de la part des ouvriers Nous allons sortir le reste aujourd'hui 
            et demain pour faire nos adieux au berceau de mes premières années 
            de missionnaire." (Lettre, 15 juillet 1941) | 
           
             Maquette de la petite église 
              centenaire désaffectée en 1958, présentée à l'occasion du centenaire 
              de 1960.  
           | 
         
        
          |  
             Du 13 au 18 juillet, les Sœurs travaillent à Douglastown durant 
              toute la journée et elles vont passer la nuit au couvent de Gaspé. 
              A partir du 19, elles s'installent au presbytère où Monsieur le 
              curé Nellis leur offre l'hospitalité. Elles pourront ainsi apporter 
              leur ai-de à la jeune ménagère, nièce du curé, et vaquer en même 
              temps au soin de la vache, des poules et au morceau de jardin qui 
              survivra aux travaux. 
             Malgré la diligence des ouvriers, la construction requiert 
              plus de temps que les deux mois de vacances. L'ouverture des classes 
              se fait dans des locaux d'emprunt que les élèves et leurs professeurs 
              utilisent jusqu'au 17 novembre 1941 date de l'entrée dans les classes 
              neuves. Les religieuses qui logent au presbytère depuis quatre mois 
              entrent au couvent le 22 novembre. La première messe est célébrée 
              dans la petite chapelle le 6 décembre. 
            
            
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           | 
         
       
      Sur terre, on, n'a jamais tous es bonheurs en même temps. Voici que le 
        moulin là vent décide de suspendre ses services et se met en grève sans 
        préavis. Pas d'eau. Et l'hiver commence! De décembre à mars, les chaudières 
        font la navette entre le presbytère et l'école. L'eau 
        est transportée à bras. Inutile de dire avec quelle joie le personnel 
        intéressé à saluer le retour du printemps  
        cette année-là. 
         
      Les Chroniques de l'époque révèlent l'échange de bons services entre 
        les religieuses, la Commission scolaire et les paroissiens. Un groupe 
        de gens de la paroisse organise des séances au profit de la construction. 
        Les Sœurs y apportent leur collaboration dans la mesure des possibilités 
        des élèves. Monsieur le curé Nellis se montre très assidu à la lecture 
        des notes mensuelles et très attentif au progrès des enfants. Les classes 
        sont vivantes. Les bienfaiteurs aussi puisque, en décembre 1942, ils organisent 
        un arbre de Noël dont le dépouillement apporte un cadeau à chacun des 
        écoliers.  
      En juin 1944, seize élèves des 7e, 9e et 10e année subissent les examens 
        en vue du Certificat d'Études conformément au nouveau programme. Nottons 
        au passage l'existence de la classe de 10e année au couvent et aussi le 
        changement de cours pour les Certificats qui sont délivrés en 7e et 9e 
        au lieu de 6e et 8e année comme on l'a signalé en 1935. Nouveau programme. 
        Nouveaux usages. Nouvelles méthodes. Le niveau d'études s'élève. L'organisation 
        matérielle s'améliore, mais les transformations ne se font pas sans heurts 
        car on note une détérioration dans l'esprit des élèves et des difficultés 
        scolaires notables. Une coopération plus étroite entre les parents et 
        les maîtresses permet de solutionner le problème posé. 
       En 1947, il est question de l'électrification du couvent. Une séance 
        organisée à cette fin produit la jolie recette de $360.00 pour couvrir 
        une partie des frais d'installation. Une pompe électrique remplace le 
        vieux moulin à vent qui est aussitôt mis à sa retraite. Du côté des classes, 
        une machine à coudre est accueillie avec grande joie par les grandes filles 
        qui sont très intéressées à l'enseignement ménager, surtout à la couture. 
        Parmi les améliorations de l'année scolaire 1948-49, on note l'apparition 
        de beaux bancs neufs pour les classes. De plus, la mise sur pied Chorale 
        du Ce d'un moyen de transport auto-neige pour les élèves les plus éloignés 
        favorise l'assistance quotidienne même au cours de la froide saison. Juin 
        1950 marque le 50e anniversaire de l'arrivée des Sœurs à Douglastown. 
      
        
             | 
           Trois des fondatrices sont présentes à la fête: Marie 
            de Sainte Mechtilde, Marie de la Merci et Marie-de-Lourdes. Le dîner 
            jubilaire préparé par les dames de la paroisse est servi dans la salle 
            du couvent. La vieille cloche de 1900 est mise en honneur sur la scène. 
            Les personnes qui désirent la faire sonner déposent une offrande destinée 
            à la restauration et à la réinstallation de cette "relique' sur le 
            couvent de 1941. Une vingtaine de religieuses, anciennes missionnaires 
            ou filles de la paroisse, partagent les agapes dorées et échangent 
            de gais propres avec les visiteurs qui parcourent les salles en remémorant 
            leurs souvenirs de jeunesse. | 
         
       
      Le transport des écoliers et la centralisation locale offrent le bienfait 
        d'une présence scolaire plus élevée et plus régulière. Il en résulte vite 
        un manque d'espace. Le cours se donne de la première à la 10e année (3rd 
        HIGH). Les trois classes sont remplies à pleine capacité par 115 élèves. 
        En septembre 1952, on manque de places pour l'ouverture de l'année scolaire. 
        Impossible d'accepter onze des commençants et les grands de la 10 année. 
        Un an plus tard, même situation: quinze élèves sont refusés y compris 
        ceux de la 10e année. En septembre 1954, 125 enfants sont inscrits dont 
        55 dans la seule salle de lère, 2e et 3e année. Pareille situation ne 
        peut durer sans compromettre le bien de la jeunesse. Le Département de 
        l'Instruction publique permet un agrandissement, mais non pas une école 
        centrale. 
       La construction débute au printemps de 1955. Personne ne compte la voir 
        terminée pour septembre suivant. L'entrée des classes se fait donc pour 
        la dernière fois dans le petit couvent de 1941 où l'on entasse avec l'espoir 
        que se sera pour peu de temps. Hélas oui! Pour peu de temps. Mais pas 
        comme on pensait. Au début de l'après-midi du 9 septembre 1955, un cri 
        éclate: LE FEU! ... L'alarme est donnée par les ouvriers. Les flammes 
        se propagent rapidement. Les enfants sont sains et saufs. En une heure, 
        tout est rasé. Presque tout est perdu. Du côté des Sœurs, la lingerie, 
        la bibliothèque, la librairie, l'ameublement de la cuisine et du réfectoire 
        sont une perte complète. Deux religieuses partent pour Rimouski; trois 
        autres trouvent un gîte au couvent de Gaspé. Sans retard, la Commission 
        scolaire pourvoit à l'aménagement de quatre classes dans la salle municipale. 
        En fin d'octobre, tout est prêt. Les Sœurs s'installent dans la maison 
        que Mrs. Tom Morris laisse à leur disposition jusqu'au ler juillet. L'activité 
        scolaire reprend de plus belle à travers les inévitables inconvénients 
        d'une organisation provisoire qui dure jusqu'en juin 1956. 
      
        
          Malgré le dé-sir de tous, les classes neuves 
            ne sont pas en état d'accueillir les élèves au jour officiel de l'entrée. 
            Pour ne s'installer qu'une fois, on consent à un léger retard dans 
            l'ouverture de l'année scolaire. 
            Les Sœurs entrent dans le couvent le 12 septembre et travaillent à 
            pleine mesure pour mettre la dernière main aux classes dont la première, 
            celle des petits, s'ouvre le 24 septembre, et les autres, le 27. Les 
            journaux d'appel enregistrent 191 élèves. Peu à peu, la maison se 
            parachève.  | 
           
               
              
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            La bénédiction solennelle a lieu le 23 juin 1957 par 
            Mgr Paul Joncas qui adminstre temporairement le diocése depuis 
            la mort tragique de Albini Leblanc survenue un mois plus(( tot)). | 
           
             Symboles des 
              oeuvres du Pére Gillis présentés a l'occasion 
              du Centenaire,1960  
             
           | 
         
       
       En septembre, la centralisation scolaire au village entraîne l'ouverture 
        de huit classes au couvent. Quatre institutrices laïques et quatre religieuses 
        se partagent la besogne. 
       Au jour de Noël 1957, la messe de minuit se célèbre pour la 100e et 
        dernière fois dans la vieille église centenaire devenue trop petite pour 
        la population. Un nouveau temple s'élève sur l'emplacement du couvent 
        incendié. On prévoit son inauguration pour l'été 1958 en même temps que 
        le jubilé d'argent de Monsieur le curé Nellis qui compte 25 ans d'ordination 
        sacerdotale. La fête est fixée au ler juillet. Dès le 28 juin tout est 
        prêt. "Venez aux noces!' En réponse à l'invitation, un joyeux groupe part 
        de Québec. Une voiture amène la parenté du jubilaire: son neveu et sa 
        nièce, ses deux sœurs religieuses chez les Sœurs de la Charité. Parvenus 
        à Montmagny, les voyageurs sont victimes d'un accident qui les tue instantanément. 
        La nouvelle parvient à Douglastown où le deuil succède brusquement à la 
        joie. 
       Impossible en de telles circonstances, la fête est remise au 13 'juillet 
        date choisie pour l'entrée dans la nouvelle église laquelle est bénite 
        le 19 octobre suivant par Mgr Paul Bernier, évêque de Gaspé.  
      Le Centenaire de la paroisse approche: deux années, c'est peu pour préparer 
        si grand événement. Institutrices religieuses et laïques s'y donnent de 
        tout cœur. Au printemps de l'année centenaire 1960, la séance du 17 mars 
        est nettement d'aspect jubilaire: sur la scène apparaissent les symboles 
        des oeuvres de "Father Gillis", la maquette de la petite église désaffectée 
        deux ans plus tôt. des scènes 'historiques de la fondation 'de la paroisse, 
        des costumes de l'époque, etc. Au cours de l'été, la jubilation est sans 
        nuage. Dix-sept religieuses de Notre-Dame du Saint-Rosaire assistent aux 
        fêtes du Centenaire. 
       1960. Point tournant dans l'histoire du Québec, surtout dans 
        le domaine de l'éducation. Un double mouvement se produit: augmentation 
        en flèche du nombre de class-es et d'élèves au village, par suite de la 
        centralisation; ensuite, réduction rapide des effectifs à cause de l'exode 
        du cours secondaire. De 1955 à 1965, le nombre de classes passe de trois 
        à dix; celui des élèves, de 125 à 223. De 1965 à 1975, le nombre de classes 
        régulières revient à trois; celui des élèves, à 91 y compris les enfants 
        de la Maternelle du cours de Récupération. Les fondatrices avaient accueilli 
        90 écoliers en 1900. On mesure le chemin parcouru!  
      
      
      
      
         
          |  
             1955 
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             1975 
           | 
         
         
          |  
             3 classes 
           | 
           
             3 classes 
           | 
         
         
          |  
             125 éléves 
           | 
           
             +Maternelle 
           | 
         
         
          |  
             (lére a 10e) 
           | 
           
             +Récupération 
           | 
         
         
          |    | 
           
             91 éléves 
           | 
         
         
          |    | 
           
             (primaire) 
           | 
         
       
      Ouverte en juillet 1900, la maison de Douglastown a vu passer dans ses 
        murs 127 Religieuses de Notre-Dame du Saint-Rosaire qui ont oeuvré de 
        tout leur cœur au cours de SOIXANTE-QUINZE ANNEES de service. Nous 
        citons le nom de cinq d'entre elles qui ont travaillé plus de dix ans 
        auprès des Irlandais qu'elles 6nt aimés et appréciés:  
      
        
          | onze ans: | 
           Marie de Sainte-Julie, Marie de Saint-Jean-Baptiste 
            décédée. le 8 février 1977. | 
         
        
          |  douze ans: | 
           Marie de Saint-Félix de Valois (vivante) 
             | 
         
        
          | treize ans: | 
           Marie du Précieux-Sang et Marie de Saint-Bernardin 
            de Sienne. | 
         
       
      L'une des cinq fondatrices de 1900 est encore vivante et parfaitement 
        lucide. Elle comptera 99 ans au début de juin 1976.. C'est Sœur Marie 
        de la Merci (Mélina Doiron). Les invités du 12 décembre 1975 ont eu la 
        délicatesse de rappeler son souvenir de façon tangible lors de la fête 
        qui a marqué le 75e anniversaire de la fondation. 
      
         
          |  
             Les trois Sœurs de Notre-Dame du Saint-Rosaire qui résident à Douglastown 
              en 1975-76 continuent par des méthodes nouvelles l'œuvre des cinq 
              fondatrices amenées en août 1900 par "Father Gillis". Ce qu'il voulait 
              d'abord et avant tout, c'était une meilleure éducation. religieuse 
              et scolaire pour les enfants, un meilleur service dans l'église 
              paroissiale par une liturgie plus vivante, plus chantante et plus 
              belle. A-t-il réalisé son rêve d'apôtre? Le Seigneur seul connaît 
              la réponse: 
             | 
           
            
           | 
         
         
           
            
              
                | Pour notre part, il serait 
                  téméraire de tenter une analyse ou même un simple rapprochement. 
                  Les conditions de vie sont trop différentes et nous sommes trop 
                  près des événements. De plus, le cadre du présent travail est 
                  limité et permet tout au plus un bref résumé historique. Nous 
                  avons souligné certains aspects avec le souci de marquer les 
                  dates où la vie des Religieuses s'est fusionnée à la vie paroissiale. 
                  Bien des points restent encore dans l'ombre jusqu'au jour où 
                  une main experte tentera une Histoire complète. Le peu que nous 
                  avons dit suffit cependant pour que jaillisse de notre âme un 
                  MAGNIFICAT d'action de grâces devant l'œuvre du Seigneur. Tout 
                  puissant, Il agit par des instruments parfois si fragiles. Entre 
                  ses mains. les circonstances même les plus défavorables deviennent 
                  l'occasion d'un nouvel élan. Et c'est cela qui est merveilleux! 
                 | 
                  | 
               
             
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