Revue d' Histoire et
de traditions populaires De La Gaspésie
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Les Souvenirs de Marie-Dina:
Que ferons-nous de la Croix de Gaspé?
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Vol. XV - Numéro
1: JANVIER-MARS 1977
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Les Sœurs du St-Rosaire sont
venues à Douglastown en 1900, en réponse à l'invitation de Father Duncan
Gillis. Elles y sont encore, engagées surtout dans l'éducation des jeunes.
Sœur Desjardins, archiviste de la communauté, nous rend le service de
découvrir une partie de l'œuvre exigeante et parfois héroïque accomplie
par les fondatrices et celles qui leur ont succédé.

Mother Mary de la Victoire Superior
General in 1900
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L'histoire du couvent de Douglastown commence avec les lettres
que "Father" Duncan Gillis, curé de
la paroisse, adresse à Mère Marie de
la Victoire, supérieure générale
de la Congrégation des Sœurs de Notre-Dame du Saint-Rosaire, à Rimouski.
Ces écrits contiennent de précieuses indications qui mettent en
lumière le souci apostolique de celui qui est le fondateur du couvent.
Ils révèlent aussi la générosité de ce prêtre de langue anglaise,
écossais de naissance, qui s'oblige à écrire en français. Cette
particularité nous permet, non seulement d'excuser les quelques
fautes de ses textes, mais d'admirer la main qui s'exprime aussi
clairement en une langue peu utilisée par l'auteur.
Arrivé à Douglastown en 1882,
"Father Gillis" a vu les besoins
de son peuple. Il tente d'y répondre de son mieux par tous les moyens
dont il dispose. Pour l'aider dans le domaine de l'éducation, il
veut des religieuses enseignantes. A cette fin, il entreprend des
démarches qui semblent en bonne voie de réalisation quand il écrit
en 1897:
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Andre Albert Blais
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"Je crois tout sera arrangé
bientôt, bientôt avec Sa Grandeur Mgr
Blais par rapport au couvent. Nous voulons bâtir une
maison assez grande pour servir d'école et de logement pour les
Sœurs - maison de deux étages - 1er étage pour l'école, 2e pour
le logement. Nous croyons une maison de 45 pieds de long by 40
pieds de large or si vous voulez 50 pieds de long by 30 largeur.
Vous aurez entre 80 or 100 enfants dans l'école. Nous aimerons
que la maison grand plut6t que petite en cas d'augmentation de
population. ( ) Toute la paroisse est bien disposée à vous bâtir
une bonne maison et bien commode et chaude. Prions le bon Dieu
par l'entremise de la Vierge immaculée et le bon saint Joseph
pour, la réussite de notre entreprise. Priez aussi pour moi."
(D. Gillis, 12 déc. 1897)
"J'espère que vous aurez
de bonnes sœurs préparées pour ma paroisse pour l'année prochaine.
Il m'en faut cinq au moins pour commencer, que une au moins chante
bien et joue orgue pour m'aider à faire un bon chœur.
(D. Gillis, 2 mai 1899)
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Father Duncan Gilles, curé
de Douglastown de 1882-1907. Il fonda le couvent en 1900.
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Au cours de l'année scolaire 1899-1900, le projet prend corps.
Le 2 mars 1900, "Father Gillis"
adresse à Sœur Marie-de-la-Merci, l'une des cinq fondatrices
désignées, la liste des livres qui seront utilisés dans les deux
écoles (celle du couvent et celle de Up-the-Bay). Les précisions
ne manquent pas. Pour terminer, le curé décrit l'extérieur du petit
couvent sans rien oublier, pas même la "ample place to have
pigs, cows and hens" et, un peu plus loin, "a nice flower garden
so 1 have nice flowers to decorate the Altary". (D.
Gillis, 2 mars 1900) A la fin de ce même mois, il
écrit:
"Nous demandons de votre part une bonne
et solide éducation religieuse et scolaire. (.... ) La maison sera
finie vers le commencement de juillet. J'espère que vous serez toutes
préparées à venir avec moi après la première retraite des prêtres.
J'essaierai à vous faire descendre gratis, vous commencerez avec
deux écoles, mais j'espère que dans un an ou deux vous serez capables
de prendre toutes mes écoles, deux autres ... en tous quatre écoles."
(D. Gillis, 29 mars
1900)
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"Father Gillis" ne s'arrête pas à savourer la bonne nouvelle lui
apprenant que, lors de la réunion officielle tenue le 6 mai 1900.
le Conseil "Général de la Congrégation des Sœurs de Notre-Dame du
Saint-Rosaire a décidé à l'unanimité la fondation du couvent de
Douglastown. Il précise nettement son but. Ce qu'il veut, c'est
une -meilleure éducation chrétienne pour les enfants de la paroisse,
et un meilleur service dans l'église paroissiale par la formation
d'une chorale et par l'enseignement du chant et de l'orgue. Les
cinq fondatrices partent de Rimouski le 7 août 1900. Ce sont les
Sœurs Marie-du-Calvaire, Marie-de-Sainte-Mechtilde,
Marie-de-la-Merci, Marie-de-Lourdes et Marie-deSainte-Julie. Avec
l'aide de quelques jeunes filles envoyées par de bonnes dames, elles
procèdent rapidement à l'installation du mince bagage apporté de
Rimouski. D'ailleurs elles n'ont pas le temps de penser à elles-mêmes.
Leur disponibilité est aussitôt mise à contribution. La cérémonie
de la bénédiction exige des préparatifs. C'est encore la correspondance
échangée qui nous renseigne sur l'emploi du temps au cours des premières
semaines:
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"Cette semaine, nous nous occupons des décorations
et (devons) préparer le grand dîner. L'évêque de Kingston arrivera mercredi
soir. Monsieur le Curé nous enverra quelques-uns de sa suite pour coucher.
Nous avons 5 bons lits de préparés, il en faut encore douze. Nous préparons
le dîner pour trente personnes. Il nous faut faire des voiles de tabernacle,
de ciboire, etc. pour l'église. Il est venu une foule de visiteurs, il
est impossible de les congédier d'ici' la bénédiction. Monsieur le Curé
désire qu'ils viennent, mais après il avertira ses gens ... " (M. du
Calvaire, août 1900)
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A l'ouverture de l'année scolaire, les Sœurs inaugrent
officiellement leur mission éducatrice à Douglastown. Au couvent,
Marie-de-Sainte-Mechtilde et Marie-de-la-Merci
sont titulaires des deux classes où s'inscrivent 90 élèves. De plus,
Mariede-Sainte-Mechtilde est chargée de "l'orgue", de l'enseignement
de la musique et de la formation de la chorale pour l'église. A Up-the-Bay,
Marie-de-Lourdes est maîtresse de classe et reçoit 56 élèves. Sa compagne,
Marie-de-Sainte-Julie, rend d'inappréciables services à Douglastown
et aux paroisses voisines dans le domaine de la couture pour ces églises
et de la réparation des livres pour ces Fabriques. La supérieure,
Sœur Marie-du-Calvaire, vaque aux multiples soins de l'entretien du
couvent, de la sacristie et du linge d'église. Elle peut à peine suffire
à tout. Quant au balayage de l'église, le curé lui à dit: "Vous
prendrez une femme deux fois par mois et vous la paierez."
Les deux Sœurs qui voyagent à Up-the-Bay partent du couvent le lundi
matin pour ne revenir que le vendredi soir. La privation de la messe
quotidienne est vivement ressentie, mais acceptée comme partie du
programme de sacrifices inhérents à leur situation. |
Au cours des trois premiers mois, elles pensionnent
à la semaine dans une famille où le benjamin est septuagénaire.
L'école-succursale trop mal protégée contre les intempéries n'est
pas encore habitable. Aux jours de pluie, l'enseignante doit attacher
un parapluie au dossier de sa chaise pour se protéger contre les
averses venant du toit. En décembre, la commission scolaire ferme
temporairement l'école à cause des enfants qui souffrent trop du
froid. On procède aux réparations qui s'imposent. En février 1901,
le logement est prêt et habitable. Marie-de-Lourdes et Marie-de-Sainte-Julie
y demeurent cinq jours par semaine et semblent même s'y plaire si
on en juge par la lettre adressée à la supérieure générale:
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"La
salle de classe et les appartements des Soeurs sont lambrissées
et peinturées. Les appartements des Sœurs consistent en une cuisine
qui sert en même temps de réfectoire, de communauté ... et un joli
petit dortoir d'une teinte bleue ... Les murs de la classe sont
ornés de jolies cartes géographiques ... deux grandes et belles
statues sont placées sur des tablettes, la Vierge de Lourdes et
saint Joseph ... Des pupitres et des bancs neufs en quantité suffisante
pour les cinquante élèves qui assistent journellement, ceci contribue
beaucoup à la bonne discipline
... il y a une belle grande cave. . . " (Lettre, 3 fév. 1901)
Le premier couvent de Douglastown, ouvert en 1900,
restauré en démoli en 1941.
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À la maison du village où les cinq missionnaires se retrouvent
pour les journées de samedi et dimanche, on sait être heureux et apprécier
ce que l'on a. On se permet même un peu d'humour. En somme, la petite
communauté goûte de vraies joies à travers les inévitables sacrifices
de toute fondation. Les extraits tirés de la correspondance sont plus
intéressants que ne pourraient l'être nos plus belles considérations littéraires.
Nous citons donc largement:
"Nous sommes bien partagées; à la vérité ,
il manque plusieurs choses nécessaire tels que table du réfectoire, armoires,
petits bureaux de toilette, mais nous avons tant de bon bois, de bonnes
provisions, la sainte messe tous les matins. Les bonnes gens nous témoignent
beaucoup de confiance et de sympathie, les plus simples attribuent à notre
séjour en Gaspésie le bel hiver, car de mémoire d'homme, nous dit-on,
on n'a jamais vu tant de beau temps. Gare à nous quand viendront les mauvais
jours . . ."Le Révérend Monsieur Sirois me disait 1
autre jour: " Quel moyen employez-v'ous donc auprés des enfants,
qu'avez-vous fait à ces petits Irlandais, ils sont méconnaissables . .
. " ( ) "Nous leur témoignons de l'intérêt et de l'affection, lui répondis-je;
ils se sentent aimés, à leur tour, ils veulent faire plaisir." (Lettre,
3 fév. 1901)
Après deux années de travail à Douglastown, quel est le résultat obtenu?
Une lettre de "Father Gillis" à la supérieure générale de la Congrégation
nous renseigne sans équivoque:

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L'année scolaire est finie avec éclat et satisfaction
et c'est mon plus grand plaisir de vous communiquer le résultat de l'année.
Les classes dans le couvent et celle de Haut Baie (Up-the-Bay) montrèrent
un grand progrès dans toutes les branches. L'inspecteur et moi étions
même surpris du progrès et tout le monde est content et satisfait et ne
parle que de bien des bonnes et dévouées Sœurs. Je vous assure que les
bonnes sœurs ont travaillé but avec beaucoup de dévouement. Je regrette
que je perdrai pour une ans les bonnes
Sœurs Marie-de-de-Lourdes et Saint-Julie. Mais j'espère
que vous m'enverrez les autres. Les parents et les enfants sont bien attachés
à elles. La bonne Sœur Ste-Mechtilde a réussi à faire un bon commencement
pour les enfants et jeunes filles de la paroisse d'un bon cœur (chœur)
pour l'église. (.... ) Il y, plusieurs personnes des autres paroisses,
même des protestants qui ont parlé et expressé leur désir d'envoyer les
enfants ici l'année prochaine ayant l'avantage d'apprendre la musique
ici..." (D. Gillis, 26 juin 1902)
L'œuvre née dans la pauvreté et le sacrifice porte du fruit. A partir
du 17 mars 1903, une activité nouvelle s'ajoute au programme des enseignantes:
c'est la préparation de la séance annuelle qui souligne la "St. Patrick's
Day", patron de la paroisse. C'est une tradition qui s'enracine. Habituellement,
l'entrée est gratuite, exceptionnellement, elle est payante mais c'est
alors pour défrayer une partie du coût des réparations faites à l'école
ou à l'église.
A la mi-août 1904, le curé est victime d'une attaque de paralysie qui
le retient trois mois à l'hôpital. A son retour, les élèves lui offrent
l'hommage d'une séance scolaire qui le réjouit. Le 14 décembre, il procède
à l'examen des classes et "il se montre content et satisfait". Surtout
n'allons pas penser que "Father Gillis" est homme à se contenter d'à-peu-près
ou de demi-mesures. La lecture tant soit peu attentive des rapports annuels
prouve nettement le contraire: le pasteur est content quand la pleine
mesure de travail est fournie. En mars 1905, la fête de saint Patrice
comporte un programme spécial pour les offices à l'église et la séance
à l'école. Les enfants s'exécutent au contentement général, si bien que
le curé demande de répéter la fête le lundi de Pâques, avec entrée payante,
pour aider à l'achat des deux lits et des ustensiles de ménage nécessaires
à la succursale de Bois Brûlé qui doit s'ouvrir à la fin d'août.
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Tout cela suppose une bonne dose de travail auquel
s'ajoutent des tâches secondaires: fabrication des hosties, enseignement
de la musique et de la dactylographie, culture du jardin potager,
soin de la grange qui abrite la vache et les poules et, pour finir,
la besogne de sacristain qui incombe totalement aux Soeurs car "il
n'y a pas de bedeau".
Dès cette époque,
l'enseignement ménager
est déjà en honneur aux classes puisque, à la visite du 22 mars
1905, l'inspecteur Chabot se "montre parfaitement satisfait
des progrès et de la discipline, et examine avec plaisir les ouvrages
manuels que nos petites filles ont préparés." (Rapport annuel, 1904-05)
Sœur Marie-de-Ste-Brigitte (Grâce Rooney, Mary of St. Brigitte)
entrée au couvent le 19 octobre 1004.
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Le 28 août 1905 s'ouvre la nouvelle école de Bois Brûlé
située à sept mil-les de l'église. Les deux Sœurs qui s'y rendent partent
du couvent le lundi matin et n'y reviennent que le vendredi soir, quand
elles le peuvent! Elles logent à l'école et leurs conditions de vie ressemblent
de près à celles des Sœurs de Up-the-Bay. Pendant ce temps, sur semaine,
le personnel du couvent réduit de plus de la moitié assume les tâches
confiées au groupe. La question des loisirs ne se pose pas, encore comme
le problème du chômage! Une lettre en date du 26 novembre fournit de précieuses
indications sur la nouvelle école que les Sœurs vienner accepter:
"...Quelques mots de la mission de Bois-Brûlé.
Plus de cinquante enfants sont inscrits au journal. Il y a grande assiduité.
Parmi eux 9 protestants ... ils ont leurs livres particuliers de lecture.
Ils ne se mettent pas à genoux mais ils chantent les cantiques avec les
autres, et même quelquelois répondent aux questions de catéchisme. Tous,
catholiques comme protestants, paraissent aimer les Sœurs: nous aussi,
nous leur rendons le réciproque. Les gens aussi sont bons et passablement
généreux ..."
"Grand progrès depuis que nous avons commencé
de l'habiter (l'école), ce n'était que souches autour de la maison, c'est-à-dire
tout l'emplacement qui est d'un arpent carré. Les souches sont en partie
arrachées et brûlées. Un puits a été creusé, une pompe posée, un tambour
à la porte de' la cuisine assez grand pour contenir du bois pour une couple
de semaines. Il est question d'en faire un bien plus grand à la porte
de la classe; de la planche est à sécher pour faire des bancs pour toute
la classe car, il n'y a qu'un triste ameublement, ces bancs seront prêts
pour Noël. . . "
(Lettre, 26 nov. 1905)
Le 6 octobre 1907, les élèves du couvent présentent leurs hommages à
leur curé "Father Gillis" à l'occasion de ses 25 années de ministère paroissial
à Douglastown. Le cadeau offert est un fauteuil dans lequel on lui souhaite
de se reposer de longues années. A la surprise générale, il répond sur
un ton d'étonnante certitude que son prochain cadeau sera ... un cercueil!
Se sentait-il frappé? Trois jours plus tard, il ressent les premières
atteintes d'une maladie de cœur mais paraît se rétablir de façon rassurante.
Le jour de Noël, il célèbre ses trois messes sans manifester de fatigue.
Le lendemain, il rend visite aux Sœurs, se montre très joyeux et cause
de ses projets. Le 27 décembre, on le trouve inanimé et froid. La surprise
est cruelle! Fondateur du couvent, l'abbé Duncan Gillis était certes très
exigeant, mais il était bon et possédait, avec le sens de l'éducation,
le souci d'une solide formation "religieuse et scolaire".
En mars 1911, l'Inspecteur donne aux élèves de la Classe Modèle le concours
de composition et d'arithmétique organisé par l'Honorable R. Lemieux,
ministre des Postes. Mlle H. McAuley, du couvent de Douglastown, gagne
l'une des deux médailles d'Or attribuées à ce concours. L'honneur en rejaillit
sur toute l'école. Les rapports annuels révèlent que, en plus des candidats
aux épreuves de musique et de dactylographie, des jeunes filles se présentent
aux examens du Bureau Central en vue de l'obtention d'un brevet d'enseignement.
Certaines de ces jeunes diplômées enseignent dans les environs puisqu'une
lettre dit: "Ici, nous fournissons livres, cahiers,
etc., à toutes les écoles de la paroisse, et même à plusieurs autres écoles
dirigées par d'anciennes élèves".
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Up-The-Bay
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L'oeuvre inaugurée depuis dix ans se poursuit de façon positive
et même consolante. Le secret du bien qui ce fait ne serait-il pas
dans la multiplicité des sacrifices consentis? Petites croix quotidiennes
qui naissent de 1'habitation trop froide, de la surcharge inévitable
des trois Sœurs qui restent à l'école principale, de la solitude
qui celles qui passent la semaine à Up-the-Bay et à Bois Brùlé.
Situation exigée par le devoir d'état, certes, mais situation de
dispersion tout de même. Quelqu'un a écrit:
"Quand le bien se fait quelque part,
il y a du sang dans les parages".
Le bien s'accomplit. Le rapport annuel de 1912-13 affirme:
"En général, tous nous donnent satisfaction et se sont montrés reconnaissants
surtout à la fin de l'année. (.... ) Les parents des enfants, tant
au village que dans les succursales, se sont montrés bienveillants
comme par le passé..."
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A mesure que les années passent la succursale de Bois Brûlé apparaît
de plus en plus intenable. La distance de sept milles à parcourir, la
difficulté de trouver un charretier le lundi matin et vendredi soir, les
chemins parfois impraticables, les intempéries des saisons, autant de
facteurs qui posent de graves problèmes et compromettent la santé des
missionnaires. Parfois, il s'écoule plus de trois semaines sans qu'elles
puissent revenir au couvent. Durant le rigoureux hiver 1916-1917, elles
perdent plusieurs semaines de classe. De plus, l'assistance scolaire fortement
réduite à cause de l'éloignement des familles et de la température inclémente
peut à peine justifier le maintien de cette situation. 'L'école est fermée
à la fin de l'année scolaire, en juin 1917. Les difficultés rencontrées
n'ont pas altéré les bonnes relations puisque la supérieure érit:
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"Monsieur le curé (Fabien
Gauthier) ainsi que les commissaires se sont toujours
montrés sympathiques. Les parents de leur c6té font tout leur possible
pour nous prouver leur reconnaissance et nous trouvons chez la population
irlandaise de vrais et bons amis." (Rapport annuel, 1917-18)
Au cours de l'hiver, la messe quotidienne
se célébrait de façon habituelle dans la chapelle du couvent. Or
voici qu'un bon matin, le 8 janvier 1923, le feu se déclare dans
une classe au moment même où sonnait d'ordinaire le premier coup
de la messe. En guise d'alarme, les Soeurs sonnent la cloche. Mais
personne ne s'inquiète ni ne se dérange. Seule la sonnerie prolongée
finit par éveiller l'attention des gens qui y voient autre chose
qu'une invitation au Saint Sacrifice. . . Il était temps!
Un peu plus et il eût été impassible de maîtriser les flammes. Pour
cette fois, on s'en tire avec une classe endommagée par la fumée
et l'eau.
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Le mois de juillet 1924 marque de grands événements: la cérémonie de
confirmation fixée au 7 et l'ordination d'un fils de la paroisse, le 13.
Les jours qui précédent l'arrivée de Mgr F.-X. Ross "sont
employés à faire les ménages et décorations à l'église et au couvent et
même à faire le catéchisme paroissial".
Le nouvel ordonné, l'abbé Owen Kennedy, célèbre sa première messe dans
l'église le 14 et, la seconde, le lendemain dans la chapelle du couvent
dont il est l'ancien élève. Après ces jours de grande activité, les religieuses
se mettent en route pour assister aux Noces d'OR de fondation de la Communauté
dont les festivités se déroulent à la maison-mère, à Rimouski, les 29,
30 et 31 juillet.
L'année 1925 voit se lever le 25e anniversaire de la fondation du couvent
de Douglastown. Monsieur Ernest Myles, curé, veut en faire une belle fête
paroissiale à laquelle il désire que, au main une, des fondatrices soient
présentes puisque les cinq vivent encore. Pour un beau jubilé il faut
des sous: la fête traditionnelle à l'Ile du 17 mars et une partie de cartes
subséquentes sont organisées au profit de la célébration projetée. La
jubilation éclate le 24 mai et se prolonge durant toute la journée du
25 qui est un lundi, congé scolaire. Des Sœurs de Barachois, de Gaspé
et de Rivière-au-Renard se rendent alors à Douglastownoù quatorze "Rosaristes"
partagent les agapes argentées.
Mais on n'est pas tous les jours aux noces! La vie continue avec son
cortège de devoirs. Des problèmes déjà aigus se posent avec de plus en
plus d'exigence. En septembre 1925, l'inspecteur d'écoles reconnaît une
fois de plus que l'espace est trop restreint pour le nombre d'élèves.
Il faut, ou bien bâtir une école au 3e rang, ou bien ouvrir une 3e classe
au couvent. La Commission scolaire opte pour cette dernière solution:
les travaux débutent le 15 avril 1926 en vue de parachever une partie
du 3e étage du couvent pour y loger la nouvelle classe. Tout est prêt
pour le début de l'année scolaire. Les trois religieuses enseignantes
accueillent 103 élèves dans les trois classes pour 1926-27.
Bientôt les fondations du couvent défaillent et donnent libre cours
à l'eau et au froid. On a eu froid aux pieds depuis 1900, mais pas
encore à un tel point. Des réparations urgentes s'imposent pour
rendre le logis habitable. Les santés se détériorent, les enfants
souffrent, la situation s'aggrave à mesure que s'étirent les pourparlers
sur une longue période de deux années. Un grave et douloureuse décision
est alors prise par le Conseil général de la Congrégation: De retirer
les Sœurs jusqu'à la restauration du couvent. Elles quittent en
effet le 2 août 1928. Le lendemain., la supérieure générale écrit
au président de la Commission scolaire:
... Je serai heureuse d'y renvoyer les
Sœurs dans un avenir assez rapproché; car nous aimons la population
de Douglastown et l'œuvre si chère du Père Gillis, et ce n'est qu'avec
regret et par nécessité, croyez-le, que j'emploie ce moyen extrême.
Je prie Dieu de vous venir en aide et de répandre ses bénédictions
sur nos bonnes gens de Douglastown que nous quittons avec peine."
(Lettre, 3 août 1928)
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Trois semaines plus tard, la supérieure générale affirme à Mgr F.-X.
Ross, évêque de Gaspé, que son désir est de voir "les
Sœurs, dès que cela sera possible, poursuivre l'œuvre commencée depuis
plus d'un quart de siècle au milieu
de cette brave population". (Lettre, 23 août 1928)
Le 10 février 1929, une lettre de la Commission scolaire fortement
appuyée par Monsieur le Curé Ernest
Myles réclame le retour des Sœurs. Mais le couvent
est dans le même état! La demande est renouvelée de façon plus pressante
le 12 fév. 1930 avec le même appui du curé et la promesse que "les
Sœurs seront déchargées du fardeau de Up-the-Bay". Cette fois,
les paroles sont traduites en actes. Les conditions acceptées de
part et d'autre permettent le retour des missionnaires le 31 juillet
1930. La supérieure est Marie-deSaint-Bernardin-de-Sienne qui a
déjà oeuvré dans la paroisse de 1912 à 1920 dont trois années à
Up-the-Bay. Au cours du mois d'août, elle écrit à Mère Marie-du-Saint-Esprit,
supérieure générale:
"J'y rencontre des visages aimés, de vieilles
connaissances, d'anciennes élèves qui s'empressent de venir nous
souhaiter la bienvenue et sont même si contents que les' larmes
coulent. Bient6t leurs actes de générosité nous prouvent la sincérité
de leurs paroles. Ils font preuve de la même bienveillance qui avait
accueilli les fondatrices en 1900 . . . " (Lettre, août 1930)
Au matin du 1er septembre 1930. les élèves manifestent la même
joie. Près de cent visages épanouis se présentent à l'école:
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"Il nous fait vraiment plaisir de leur souhaiter
la bienvenue, de leur dire notre joie d'être de nouveau au milieu d'eux
et d'ajouter que pendant 10 mois nous travaillerons exclusivement pour
eux. Ils paraissent nous comprendre et nous prouvent dès leur première
journée que leur joie est réciproque."
"Nous avons raison de remercier Dieu pour le
bon accueil reçu, la bonne volonté dont les membres de la Commission scolaire
font preuve, la générosité de nos bons Irlandais, la joie peinte sur le
visage de nos élèves, tout autant de motifs de consolation." (Rapport
annuel, 1930-31)
C'est le bonheur des "retrouvailles"! La petite communauté mène
une vie normale sans absence à longueur de semaine. Désormais, il
ne sera plus question de voyage à Up-the-Bay. En juin 1931, aucune
élève du Cours Modèle ne se présente aux examens du Bureau Central.
Quelques-unes ont bien l'âge requis, mais le retard des deux dernières
années ne permet pas de remplir les conditions exigées pour l'obtention
d'un brevet d'enseignement.
Un fait mérite d'être signalé: le 7 mai 1932, Sœur
Marie-de-Saint- Patrice (Mary-Ann Maloney) arrive
à Douglastown, sa place natale, pour y remplacer une religieuse
à la classe jusqu'à la fin de l'année scolaire. C'est grande joie
dans la famille Maloney, surtout pour l'aïeule maternelle âgée de
93 ans et parfaitement lucide qui sollicitait en secret du Seigneur
la faveur de ne pas mourir avant de voir sa petite-fille religieuse.
Exaucée et pleinement heureuse, elle meurt à la fin de juin. Quel
Nunc dimittis devait chanter dans son âme!
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Rien ne marque la fin de l'année scolaire qui se termine le 28 juin 1933
simplement, sans distribution de prix, sans aucune démonstration extérieure.
Les élèves ont travaillé avec application jusqu'à la dernière heure, sans
se démentir. Et ils continuent puisque, à l'été 1934, Monsieur le curé
Myles écrit à Mère Marie du Saint-Esprit, supérieure générale:
"Ces enfants, je vous le dirai tout de suite,
nous ont donné bien de la satisfaction, sans se démentir toute l'année
- de leur esprit de docilité et de respectueuse politesse. "Ils tiennent
beaucoup à leurs notes mensuelles. (.... ) (L'inspecteur) Il a répété
aux enfants qu'il les compte parmi ses meilleurs élèves, à cause de la
distinction de leurs manières et de leur respect pour l'autorité." (E.
Myles, 1934)
En juin 1935, sept élèves subissent les examens du Bureau Central pour
l'obtention du Brevet d'enseignement. Ce sont les dernières. DePuis 1902,
37 jeunes filles ont été diplomées. Le remaniement des programmes ne permettra
désormais que la préparation des Certificats d'études primaires ou complémentaires,
en 6e et 8e année du cours.
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Au printemps de 1939, le Bureau d'Hygiène condamne la
classe ouverte en 1926 au 3e étage du couvent. Pour y suppléer, les
Sœurs renoncent à leur salle de communauté qui est alors mise au service
des élèves. La nouvelle organisation est en place pour septembre.
Toute cette année 1939-40 est assombrie par la maladie très grave
de M. Myles que le cancer couche dans la tombe en juillet 1940. Dès
le mois d'août, le nouveau curé Patrick
Nellis parle de construction durant sa première visite
au Couvent. C'est devenu urgent: la bâtisse de 1897-1900 est passablement
délabrée et même peu habitable. En mai 1941, une rumeur circule dans
la paroisse: la construction d'un couvent neuf. En juin, la Commission
scolaire prend la décision de rebâtir sur l'emplacement du couvent
actuel. Il faudra donc commencer par démolir. La correspondance de
la supérieure, Marie de Saint-Bernardin-de-Sienne, nous fournit des
indications précises sur la réalisation du projet. |
"Les plans sont à peu près semblables à ceux
du couvent de Matapédia 50 x 44. Les classes disposées dans le même sens
que les leurs, avec 3 appartements sur étage inférieur pour religieuses,
lesquels pourraient être communauté, réfectoire et cuisine, une classe
séparée en deux dont une partie pour chapelle et l'autre pour parloir.
A l'étage supérieur, 2 classes et 4 chambres dont deux serviraient de
dortoir, une chambre de la supérieure et une pour bain et toilette - -
. "Nous sommes assablement avaticées, le grenier dortoir et classes ainsi
que toutes les armoires sont vides, il ne nous reste pour ainsi dire que
les meubles, cadres . . . " (Lettre, 10 juillet 1941 )
"Ce cher vieux couvent, ce
n'est pas sans émotion que je le vois démolir - et quelle somme de
tra- vail de la part des ouvriers Nous allons sortir le reste aujourd'hui
et demain pour faire nos adieux au berceau de mes premières années
de missionnaire." (Lettre, 15 juillet 1941) |
Maquette de la petite église
centenaire désaffectée en 1958, présentée à l'occasion du centenaire
de 1960.
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Du 13 au 18 juillet, les Sœurs travaillent à Douglastown durant
toute la journée et elles vont passer la nuit au couvent de Gaspé.
A partir du 19, elles s'installent au presbytère où Monsieur le
curé Nellis leur offre l'hospitalité. Elles pourront ainsi apporter
leur ai-de à la jeune ménagère, nièce du curé, et vaquer en même
temps au soin de la vache, des poules et au morceau de jardin qui
survivra aux travaux.
Malgré la diligence des ouvriers, la construction requiert
plus de temps que les deux mois de vacances. L'ouverture des classes
se fait dans des locaux d'emprunt que les élèves et leurs professeurs
utilisent jusqu'au 17 novembre 1941 date de l'entrée dans les classes
neuves. Les religieuses qui logent au presbytère depuis quatre mois
entrent au couvent le 22 novembre. La première messe est célébrée
dans la petite chapelle le 6 décembre.
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Sur terre, on, n'a jamais tous es bonheurs en même temps. Voici que le
moulin là vent décide de suspendre ses services et se met en grève sans
préavis. Pas d'eau. Et l'hiver commence! De décembre à mars, les chaudières
font la navette entre le presbytère et l'école. L'eau
est transportée à bras. Inutile de dire avec quelle joie le personnel
intéressé à saluer le retour du printemps
cette année-là.
Les Chroniques de l'époque révèlent l'échange de bons services entre
les religieuses, la Commission scolaire et les paroissiens. Un groupe
de gens de la paroisse organise des séances au profit de la construction.
Les Sœurs y apportent leur collaboration dans la mesure des possibilités
des élèves. Monsieur le curé Nellis se montre très assidu à la lecture
des notes mensuelles et très attentif au progrès des enfants. Les classes
sont vivantes. Les bienfaiteurs aussi puisque, en décembre 1942, ils organisent
un arbre de Noël dont le dépouillement apporte un cadeau à chacun des
écoliers.
En juin 1944, seize élèves des 7e, 9e et 10e année subissent les examens
en vue du Certificat d'Études conformément au nouveau programme. Nottons
au passage l'existence de la classe de 10e année au couvent et aussi le
changement de cours pour les Certificats qui sont délivrés en 7e et 9e
au lieu de 6e et 8e année comme on l'a signalé en 1935. Nouveau programme.
Nouveaux usages. Nouvelles méthodes. Le niveau d'études s'élève. L'organisation
matérielle s'améliore, mais les transformations ne se font pas sans heurts
car on note une détérioration dans l'esprit des élèves et des difficultés
scolaires notables. Une coopération plus étroite entre les parents et
les maîtresses permet de solutionner le problème posé.
En 1947, il est question de l'électrification du couvent. Une séance
organisée à cette fin produit la jolie recette de $360.00 pour couvrir
une partie des frais d'installation. Une pompe électrique remplace le
vieux moulin à vent qui est aussitôt mis à sa retraite. Du côté des classes,
une machine à coudre est accueillie avec grande joie par les grandes filles
qui sont très intéressées à l'enseignement ménager, surtout à la couture.
Parmi les améliorations de l'année scolaire 1948-49, on note l'apparition
de beaux bancs neufs pour les classes. De plus, la mise sur pied Chorale
du Ce d'un moyen de transport auto-neige pour les élèves les plus éloignés
favorise l'assistance quotidienne même au cours de la froide saison. Juin
1950 marque le 50e anniversaire de l'arrivée des Sœurs à Douglastown.
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Trois des fondatrices sont présentes à la fête: Marie
de Sainte Mechtilde, Marie de la Merci et Marie-de-Lourdes. Le dîner
jubilaire préparé par les dames de la paroisse est servi dans la salle
du couvent. La vieille cloche de 1900 est mise en honneur sur la scène.
Les personnes qui désirent la faire sonner déposent une offrande destinée
à la restauration et à la réinstallation de cette "relique' sur le
couvent de 1941. Une vingtaine de religieuses, anciennes missionnaires
ou filles de la paroisse, partagent les agapes dorées et échangent
de gais propres avec les visiteurs qui parcourent les salles en remémorant
leurs souvenirs de jeunesse. |
Le transport des écoliers et la centralisation locale offrent le bienfait
d'une présence scolaire plus élevée et plus régulière. Il en résulte vite
un manque d'espace. Le cours se donne de la première à la 10e année (3rd
HIGH). Les trois classes sont remplies à pleine capacité par 115 élèves.
En septembre 1952, on manque de places pour l'ouverture de l'année scolaire.
Impossible d'accepter onze des commençants et les grands de la 10 année.
Un an plus tard, même situation: quinze élèves sont refusés y compris
ceux de la 10e année. En septembre 1954, 125 enfants sont inscrits dont
55 dans la seule salle de lère, 2e et 3e année. Pareille situation ne
peut durer sans compromettre le bien de la jeunesse. Le Département de
l'Instruction publique permet un agrandissement, mais non pas une école
centrale.
La construction débute au printemps de 1955. Personne ne compte la voir
terminée pour septembre suivant. L'entrée des classes se fait donc pour
la dernière fois dans le petit couvent de 1941 où l'on entasse avec l'espoir
que se sera pour peu de temps. Hélas oui! Pour peu de temps. Mais pas
comme on pensait. Au début de l'après-midi du 9 septembre 1955, un cri
éclate: LE FEU! ... L'alarme est donnée par les ouvriers. Les flammes
se propagent rapidement. Les enfants sont sains et saufs. En une heure,
tout est rasé. Presque tout est perdu. Du côté des Sœurs, la lingerie,
la bibliothèque, la librairie, l'ameublement de la cuisine et du réfectoire
sont une perte complète. Deux religieuses partent pour Rimouski; trois
autres trouvent un gîte au couvent de Gaspé. Sans retard, la Commission
scolaire pourvoit à l'aménagement de quatre classes dans la salle municipale.
En fin d'octobre, tout est prêt. Les Sœurs s'installent dans la maison
que Mrs. Tom Morris laisse à leur disposition jusqu'au ler juillet. L'activité
scolaire reprend de plus belle à travers les inévitables inconvénients
d'une organisation provisoire qui dure jusqu'en juin 1956.
Malgré le dé-sir de tous, les classes neuves
ne sont pas en état d'accueillir les élèves au jour officiel de l'entrée.
Pour ne s'installer qu'une fois, on consent à un léger retard dans
l'ouverture de l'année scolaire.
Les Sœurs entrent dans le couvent le 12 septembre et travaillent à
pleine mesure pour mettre la dernière main aux classes dont la première,
celle des petits, s'ouvre le 24 septembre, et les autres, le 27. Les
journaux d'appel enregistrent 191 élèves. Peu à peu, la maison se
parachève. |

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La bénédiction solennelle a lieu le 23 juin 1957 par
Mgr Paul Joncas qui adminstre temporairement le diocése depuis
la mort tragique de Albini Leblanc survenue un mois plus(( tot)). |
Symboles des
oeuvres du Pére Gillis présentés a l'occasion
du Centenaire,1960
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En septembre, la centralisation scolaire au village entraîne l'ouverture
de huit classes au couvent. Quatre institutrices laïques et quatre religieuses
se partagent la besogne.
Au jour de Noël 1957, la messe de minuit se célèbre pour la 100e et
dernière fois dans la vieille église centenaire devenue trop petite pour
la population. Un nouveau temple s'élève sur l'emplacement du couvent
incendié. On prévoit son inauguration pour l'été 1958 en même temps que
le jubilé d'argent de Monsieur le curé Nellis qui compte 25 ans d'ordination
sacerdotale. La fête est fixée au ler juillet. Dès le 28 juin tout est
prêt. "Venez aux noces!' En réponse à l'invitation, un joyeux groupe part
de Québec. Une voiture amène la parenté du jubilaire: son neveu et sa
nièce, ses deux sœurs religieuses chez les Sœurs de la Charité. Parvenus
à Montmagny, les voyageurs sont victimes d'un accident qui les tue instantanément.
La nouvelle parvient à Douglastown où le deuil succède brusquement à la
joie.
Impossible en de telles circonstances, la fête est remise au 13 'juillet
date choisie pour l'entrée dans la nouvelle église laquelle est bénite
le 19 octobre suivant par Mgr Paul Bernier, évêque de Gaspé.
Le Centenaire de la paroisse approche: deux années, c'est peu pour préparer
si grand événement. Institutrices religieuses et laïques s'y donnent de
tout cœur. Au printemps de l'année centenaire 1960, la séance du 17 mars
est nettement d'aspect jubilaire: sur la scène apparaissent les symboles
des oeuvres de "Father Gillis", la maquette de la petite église désaffectée
deux ans plus tôt. des scènes 'historiques de la fondation 'de la paroisse,
des costumes de l'époque, etc. Au cours de l'été, la jubilation est sans
nuage. Dix-sept religieuses de Notre-Dame du Saint-Rosaire assistent aux
fêtes du Centenaire.
1960. Point tournant dans l'histoire du Québec, surtout dans
le domaine de l'éducation. Un double mouvement se produit: augmentation
en flèche du nombre de class-es et d'élèves au village, par suite de la
centralisation; ensuite, réduction rapide des effectifs à cause de l'exode
du cours secondaire. De 1955 à 1965, le nombre de classes passe de trois
à dix; celui des élèves, de 125 à 223. De 1965 à 1975, le nombre de classes
régulières revient à trois; celui des élèves, à 91 y compris les enfants
de la Maternelle du cours de Récupération. Les fondatrices avaient accueilli
90 écoliers en 1900. On mesure le chemin parcouru!
1955
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1975
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3 classes
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3 classes
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125 éléves
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+Maternelle
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(lére a 10e)
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+Récupération
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91 éléves
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(primaire)
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Ouverte en juillet 1900, la maison de Douglastown a vu passer dans ses
murs 127 Religieuses de Notre-Dame du Saint-Rosaire qui ont oeuvré de
tout leur cœur au cours de SOIXANTE-QUINZE ANNEES de service. Nous
citons le nom de cinq d'entre elles qui ont travaillé plus de dix ans
auprès des Irlandais qu'elles 6nt aimés et appréciés:
onze ans: |
Marie de Sainte-Julie, Marie de Saint-Jean-Baptiste
décédée. le 8 février 1977. |
douze ans: |
Marie de Saint-Félix de Valois (vivante)
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treize ans: |
Marie du Précieux-Sang et Marie de Saint-Bernardin
de Sienne. |
L'une des cinq fondatrices de 1900 est encore vivante et parfaitement
lucide. Elle comptera 99 ans au début de juin 1976.. C'est Sœur Marie
de la Merci (Mélina Doiron). Les invités du 12 décembre 1975 ont eu la
délicatesse de rappeler son souvenir de façon tangible lors de la fête
qui a marqué le 75e anniversaire de la fondation.
Les trois Sœurs de Notre-Dame du Saint-Rosaire qui résident à Douglastown
en 1975-76 continuent par des méthodes nouvelles l'œuvre des cinq
fondatrices amenées en août 1900 par "Father Gillis". Ce qu'il voulait
d'abord et avant tout, c'était une meilleure éducation. religieuse
et scolaire pour les enfants, un meilleur service dans l'église
paroissiale par une liturgie plus vivante, plus chantante et plus
belle. A-t-il réalisé son rêve d'apôtre? Le Seigneur seul connaît
la réponse:
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Pour notre part, il serait
téméraire de tenter une analyse ou même un simple rapprochement.
Les conditions de vie sont trop différentes et nous sommes trop
près des événements. De plus, le cadre du présent travail est
limité et permet tout au plus un bref résumé historique. Nous
avons souligné certains aspects avec le souci de marquer les
dates où la vie des Religieuses s'est fusionnée à la vie paroissiale.
Bien des points restent encore dans l'ombre jusqu'au jour où
une main experte tentera une Histoire complète. Le peu que nous
avons dit suffit cependant pour que jaillisse de notre âme un
MAGNIFICAT d'action de grâces devant l'œuvre du Seigneur. Tout
puissant, Il agit par des instruments parfois si fragiles. Entre
ses mains. les circonstances même les plus défavorables deviennent
l'occasion d'un nouvel élan. Et c'est cela qui est merveilleux!
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